À l'origine de la « Journée internationale des Femmes » : Clara Zetkin – Dijoncter.info - Site d'infos en lutte sur Dijon


Le 8 mars 1910, lors de la 2e Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin propose la création de la journée internationale des femmes : journée de manifestation annuelle pour le droit de vote, l'égalité ...



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À l’origine de la « Journée internationale des Femmes » : Clara Zetkin Publié le 07/03/2024 | Mise à jour le 12/03/2024 Le 8 mars 1910, lors de la 2 e Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin propose la création de la journée internationale des femmes : journée de manifestation annuelle pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes, et le socialisme. Biographie Clara Zetkin est née Clara Eissner, le 5 juillet 1857 à Wiederau, près de Chemnitz, en Saxe. Fille d’un instituteur de village, Clara Eissner se destine elle-même à l’enseignement et étudie à l’école normale féminine de Leipzig. Dès le milieu des années 1870, elle fréquente les mouvements féministes, participant aux discussions des Allgemeinen Deutschen Frauenvereins (Association générale des femmes allemandes) et elle commence à adhérer à la mouvance socialiste. En 1878, elle avait brillamment réussi son examen mais bien qu’elle aimât beaucoup sa profession, elle allait choisir une autre voie en adhérant aux idées socialistes qui se développaient dans l’essor industriel de l’Allemagne de Bismarck. La même année, Clara Zetkin rompt avec sa famille et adhère au Sozialistischen Arbeiterpartei ( SAP ), ancêtre du SPD , parti interdit par Bismarck la même année. Elle participe aux réunions socialistes clandestines et y rencontre le révolutionnaire russe Ossip Zetkin, un militant populiste banni de Russie. Ossip Zetkin est arrêté et expulsé d’Allemagne à l’été 1890. Clara Zetkin sera bientôt elle-même expulsée de Saxe vers Zurich, et elle rejoint Ossip en 1882 à Paris, où elles vécurent dans le 13 e arrondissement. Elles y vécurent pauvrement et eurent deux enfants : Maxime et Konstantin. Elle est rédactrice à l’organe du parti, Der Sozialdemokrat. Bien que le couple ne soient pas mariés, Clara prend le nom de son compagnon et le gardera jusqu’à sa mort. Ossip fut le secrétaire du premier groupement d’ouvrier.es étranger.es, surtout russes et roumain.es, à Paris. Avec Clara, elles rédigent des correspondances pour la presse socialiste allemande. Elles font la connaissance de Louise Michel, Jules Guesde, Paul Lafargue et sa femme Laura, fille de Marx. Ossip Zetkin décède de tuberculose en 1889. Théoricienne du féminisme prolétarien Clara Zetkin est appelée à participer à la préparation au Congrès ouvrier international qui se tiendra à Paris en juillet 1889 et qui donnera naissance à la II e Internationale. Elle y présentera un rapport sur la situation des travailleuses sous le capitalisme et y prononcera le premier discours de sa vie : Pour la libération de la femme, à une époque où elles n’avaient le droit de vote dans aucun pays. Dans son discours, elle expose qu’« en combattant la main dans la main avec les ouvrier.es socialistes, les femmes se montrent prêtes à prendre part à tous les sacrifices et efforts de la lutte, mais elles sont aussi décidées, à juste titre, à exiger après la victoire tous les droits qui leur reviennent. ». Ses interventions sont déterminantes dans la décision de la II e Internationale à inviter les socialistes de tous les pays à impliquer les femmes dans la lutte des classes, et un an plus tard, le programme social-démocrate (dit "programme d’Erfurt") qui intégrait la revendication de l’égalité économique, politique et juridique de la femme. Clara s’était affirmée à la fois comme dirigeante politique d’envergure internationale, et comme théoricienne des problèmes féminins. Elle avait 32 ans. Jusqu’en 1890, tout moyen d’expression était interdit au mouvement socialiste. Seul le groupe parlementaire social-démocrate porté au Reichstag lors des élections ne put être liquidé par Bismarck. Lorsqu’August Bebel et Wilhelm organisèrent la lutte illégale, les femmes jouèrent un grand rôle. Progressivement, elles s’engagèrent en masse dans la lutte des classes, et notamment dans les grandes grèves des années ’80. En 1889, de puissantes grèves générales amenèrent à l’abolition, en janvier 1890, de la loi contre les socialistes. Clara Zetkin pu revenir en Allemagne avec ses deux enfants. C’est en 1892 que paraît le premier numéro de Die Gleichheit (L’Egalité), premier journal politique féminin, longtemps seul dans son genre en Europe. Clara Zetkin, fixée à Stuttgart, en est la rédactrice en chef et elle l’animera jusqu’en 1917 et en fera un véhicule puissant pour la diffusion de ses idées. Dans Die Gleichheit, Clara Zetkin ne se contenta pas de vastes démonstrations théoriques, elle dénonça aussi au jour le jour la condition de la femme prolétarienne, celle des étameuses de miroirs empoisonnées au mercure, qui accouchaient d’enfants mort-nés, celle des travailleuses d’une filature de jute que leur patron.nes payait si peu qu’elles ne pouvaient se permettre qu’un repas chaud par semaine : “ce n’est pas de la toile que vous débitez, écrit Zetkin aux patron.nes des filatures, c’est de la vie humaine toute chaude…” Au Congrès de Gotha, en 1896, le SPD adopte la résolution présentée par Clara Zetkin. En août 1907, elle est élue responsable du secrétariat international des femmes, et c’est aussi elle qui fait adopter par le congrès de l’Internationale la résolution selon laquelle “les partis socialistes de tous les pays ont le devoir de lutter énergiquement pour l’instauration du suffrage universel des femmes.” Elle se mariera en 1899 avec le peintre Friedrich Zundel, avec lequel elle restera mariée jusqu’en 1928, en conservant le nom de Zetkin. A Paris, elle participe activement à la fondation de la Deuxième Internationale où elle réclame l’égalité complète des droits professionnels et sociaux de la femme ainsi que sa participation active à la lutte des classes. En août 1907, les 56 déléguées de 14 pays réunies à Stuttgart dans la première Conférence Internationale des femmes socialistes élurent Clara Zetkin à la présidence du secrétariat international des femmes socialistes. À l’origine de la "Journée Internationale de la Femme" : Le 8 mars 1910, lors de la 2 e Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin propose la création de la journée internationale des femmes, journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes, et le socialisme. Cette initiative est à l’origine de la Journée Internationale des Femmes, manifestation qui se déroule tous les ans le 8 mars. Dès 1911, un million de femmes manifestent en Autriche-Hongrie, au Danemark, en Suisse, en Allemagne, puis les années suivantes en France, aux Pays-Bas, en Russie et en Suède. Le 8 mars 1914, les femmes réclament le droit de vote en Allemagne. La date n’est tout d’abord pas fixe, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se met définitivement en place. Le 8 mars 1921, Lénine décrète le 8 mars Journée des femmes. En 1924, la journée est célébrée en Chine et en 1946 dans les républiques populaires d’Europe de l’Est. Le 8 mars 1977, les Nations Unies officialisent la Journée Internationale de la Femme. Internationaliste et pacifiste Dans le parti social-démocrate allemand, Clara Zetkin tient une place particulière par ses analyses et sa pratique marxiste, par la fermeté de ses positions de classe contre le capitalisme et l’impérialisme. Elle vient à se situer, avec cette autre femme extraordinaire que fut son amie Rosa Luxembourg, à l’aile gauche d’un SPD qui est de plus en plus puissant mais qui s’installe dans le réformisme. Les perspectives de guerre accentuent le clivage. Au congrès du SPD de septembre 1907, à Essen, Clara Zetkin s’en prend avec vigueur au chauvinisme d’un Noske. Au Congrès socialiste international de Bâle, en novembre 1912, elle lance aux femmes du monde entier un appel à lutter contre la guerre impérialiste, que cite Aragon dans son magnifique roman Les Cloches de Bâle (l’épilogue a d’ailleurs pour titre Clara). Clara Zetkin participe à l’aile gauche du SPD , et devient très proche de Rosa Luxemburg. Opposante à la première guerre mondiale, en septembre 1914, elle adresse à plusieurs journaux des pays neutres une lettre condamnant la politique du SPD qui vient d’approuver l’entrée en guerre de l’Allemagne. Elle fonde clandestinement en décembre 1914 avec Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Paul Levi, Ernest Meyer, Leo Jogiches et Franz Mehring le Spartakusbund (Ligue spartakiste) et elle mène de nombreuses actions pacifistes. En mars 1915, étant passée illégalement par la Hollande, elle assure à Berne la tenue d’une conférence internationale des femmes socialistes où s’affirme l’opposition à la guerre. Ce qui lui vaudra, à son retour en Allemagne, d’être inquiétée, arrêtée, emprisonnée comme l’est depuis l’année précédente Rosa Luxembourg. Clara Zetkin et Lénine Clara Zetkin avait rencontré Engels au Congrès ouvrier socialiste international de Zurich en 1893. C’est en 1907 qu’elle rencontra Lénine une première fois, au Congrès de Stuttgart, et elle y était alors plus connue que lui. L’autorité de Clara Zetkin dans le mouvement ouvrier international était telle qu’à l’automne 1920, Lénine lui demande d’aider à la création d’un puissant mouvement féminin international. Il a avec elle, dans son bureau du Kremlin, plusieurs conversations sur la question féminine qu’elle rapporte dans ses Notes sur mon carnet. Si elle est pleine d’admiration et d’affection pour Lénine, elle n’hésite pas à le contredire pour défendre son propre point de vue. Ainsi, lorsque Lénine lui reproche la trop grande attention accordée, selon lui, par le KPD aux problèmes du sexe et aux théories de Freud, « j’objectai, raconta-t-elle, que la question sexuelle et celle du mariage sous la domination de la propriété et de l’ordre bourgeois engendraient toutes sortes de problèmes, de conflits et de souffrances pour les femmes de toutes classes et couches sociales. La guerre et ses conséquences, disais-je, avaient, s’agissant justement des rapports sexuels, extraordinairement aggravé les conflits existants et les souffrances des femmes, les avaient rendus perceptibles des problèmes qui, jusqu’ici, leur étaient restés cachés. » Dirigeante du Komintern A soixante ans passés, membre de la direction du KPD , Clara Zetkin devient membre du Comité Exécutif de la III e Internationale, l’Internationale communiste, le Komintern. Elle le sera de 1921 à 1933 (durant cette période, elle vivra surtout à Moscou). Le Comité Exécutif la charge, en décembre 1920, d’aller saluer le Congrès de Tours d’où va naître le Parti communiste français. Elle y parv...