Communiqué unitaire de collectifs de street medics - A l'ouest - Site coopératif d'informations locales et d'ailleurs, sur Rouen et alentours


Parce qu'il nous paraissait nécessaire et urgent de réaffirmer que la pratique medic est une pratique politique avec tout ce qui en découle, (...)



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Brèves Répression des luttes Publié le 2 juin 2019 Communiqué unitaire de collectifs de street medics Parce qu’il nous paraissait nécessaire et urgent de réaffirmer que la pratique medic est une pratique politique avec tout ce qui en découle, plusieurs collectifs ont rédigé et signé le communiqué que voici. Pour les personnes ne pouvant lire le texte sur les images associées au post, vous pouvez en retrouver une version textuelle ci-dessous. Ni ego, ni héros ! Communiqué unitaire de collectifs Street Medic Mai 2019 Depuis plusieurs mois, nombre de bénévoles ont choisi de s’organiser en équipes de secouristes dans le but de porter les premiers soins en manifestation. En toute transparence, nous ne pouvons que nous réjouir de toutes ces initiatives, et les encourager. Cependant, en réponse à de nombreux usages maladroits et non-adaptés du terme « street medic », il nous semble important de redéfinir les pratiques auxquelles fait référence ce terme, autour desquelles nous organisons depuis plusieurs années. La street medic est une pratique de lutte, née dans les années 60 lors du mouvement des Civils Rights aux États-Unis qui fut développée par le Black Panthers Party et l’American Indian Movement. Au delà du simple cadre des manifestations auxquelles sont associé.es les Street Medics aujourd’hui, il s’agissait alors de mettre en place un véritable système d’accès au soin communautaire, auto-géré et indépendant à destination des personnes noir-es aux États-Unis, avec notamment l’instauration de street clinics (« hôpitaux de campagne »). Si notre action la plus visible et courante se situe effectivement dans le cadre des manifestations aujourd’hui, il ne saurait s’y limiter obligatoirement. Ainsi, au même titre que les « legal teams » (soutien juridique) et les « trauma teams » (soutien psy), le terme « street medic » n’est pas neutre, et induit un caractère fortement et indéniablement politique. Tout comme le « black bloc » ne saurait être considéré comme un ensemble de groupuscules organisés mais bien une pratique tactique adoptée lors des manifestations, c’est bien de ça dont il est question lorsque l’on parle de Street Medic : une pratique militante, et non un statut. Il ne s’agit pas simplement d’adapter le secourisme au cadre des manifestations, mais de lutter contre la répression policière et étatique, pour la réappropriation des connaissances en premiers secours, et pour l’accès aux soins à toutes et tous. Or, force est de constater que les secouristes présent-es en manifestation ne pratiquent pas toutes et tous la street medic. Il nous paraît donc nécessaire de marquer clairement notre opposition à certaines méthodes qui rentrent en totale contradiction avec les valeurs de la street medic, mais cependant utilisées par des secouristes se décrivant pourtant en ces termes. En effet, la street medic est historiquement et radicalement incompatible avec : > La délation de camarades de lutte, et ce quelles que soient leurs pratiques. > Une pratique anti-répression ne peut pas s’exercer en collaborant avec les forces répressives. Nous avons plusieurs fois observé des secouristes se permettant d’empêcher certaines actions directes (Paris, Montpellier...), allant parfois jusqu’à livrer leurs auteur-es à la police (Nancy, Marseille...). Ces personnes, bien que pratiquant le secourisme en manifestation, n’ont absolument rien à voir avec la street medic, de par les services qu’elles rendent à la préfecture, et les risques qu’elles font encourir à des camarades. > L’héroïsation des individu-es et la militarisation de leur organisation. Pratiquer la street medic n’est en rien une posture, mais ni plus ni moins qu’un choix de pratique de lutte. > La visibilité croissante des violences policières allant de pair avec celles des Street Medic ne doit pas faire oublier les différentes pratiques, moins visibles mais pourtant indispensables et complémentaire telles que le soutien juridique aux interpellé-es, ou l’aide psychologique auto-gérée. De même, lesRetour ligne automatique Street Medics n’ont pas à prétendre disposer d’un statut particulier les distinguant des autres manifestant-es, ni à utiliser la manifestation pour se mettre en valeur. Ainsi, le fonctionnement paramilitaire de certaines équipes transpose des pratiques autoritaires, centralisées, validistes et envahissantes : de la tenue militaire complète, au port de protections balistiques, en passant par le patch martial ou du matériel militaire (gilet tactique…), ces groupes propagent une image et des pratiques contraires aux valeurs militantes inclusives et fantasment le rôle de médics, en exaltant une posture de sauveur fort et plus capable que les autres. Cette posture médiatique a pour conséquence d’invisibiliser et de discréditer la présence d’autres personnes aux compétences moins reconnues. > Les pratiques virilistes de certaines équipes. > Sur le terrain nous avons constaté la présence de groupes véhiculant une image, des postures, des propos machistes et sexistes. Tant dans l’accoutrement, que dans l’exhibition matérielle ou dans les déplacements, ces groupes s’imposent et propagent une pratique violente et transgressive du secourisme. Le dépassement du consentement en se ruant sur les personnes gazées ou blessées sans prendre le temps de se présenter ou de s’assurer de leur accord au soin, la négation du genre d’autrui (transphobie), le non-respect des souhaits et des volontés des blessé-es sont autant d’actes qui ne peuvent être acceptés. De même, les insultes homophobes (« enculés ») et putophobes (« fils de pute ») maintes fois prononcées à l’égard des flics doivent cesser, elles sont oppressives. > La sélection des personnes légitimes à la pratiquer en fonction de leurs qualifications. > La réappropriation des connaissances, et l’accès aux soins pour toutes et tous, ne peut se faire si la connaissance demeure entre les mains de quelques un-es sous prétexte de statut professionnel ou de diplômes. Chacun-e est capable d’agir selon ses limites et ses connaissances, dans le respect du consentement des victimes, et sans avoir à supporter le jugement de personnes plus expérimentées. Le partage de connaissances est une valeur sans laquelle il nous semble compliqué de pratiquer la street medic. > Le racisme et tous les comportements qui en découlent. > De par notre engagement militant en faveur des causes sociales et des droits des minorités, il n’est pas question pour nous de tolérer une quelconque présence d’éléments d’extrême-droite, complotistes, confusionnistes et/ou néo-fascistes. De plus, la street medic a vu le jour face à un racisme institutionnalisé aux États-Unis, et ne peut se mêler à un discours raciste ou néo-colonial. Les discours parfois tenus sous certains posts de street medics sur les réseaux sociaux, incitant les policiers à « aller nettoyer les quartiers » ne font que légitimer la violence d’État, et entrent par conséquent en totale contradiction avec la street medic. Les banlieues sont en effet les premières victimes de la répression policière et du racisme d’État, et les premières à subir politiques de répression et utilisations des nouvelles armes. > Des comportements que nous qualifierons à minima d’inquiétants, et parfois dangereux, et qui ont pu être constatés à plusieurs reprises : > L’inscription des noms et prénoms des personnes blessé-es sur des fiches lors de leur prise en charge, alors qu’elles sont la plupart du temps en état de choc est une pratique dangereuse pour l’anonymat de nos camarades, même si elle se veut bienveillante dans un premier temps. Ne fichons pas comme les flics ! > Effectuer des prises de sang au milieu des nuages de lacrymos, sur des personnes en état de choc, dans des conditions d’hygiène déplorables (sans gants, dans la rue), pour tester la quantité de cyanure dans le sang, métabolisée par l’organisme après exposition aux gaz lacrymogènes n’est pas non plus une pratique que nous approuvons, et il nous semble dangereux de laisser cela se reproduire, autant pour les conditions médiocres des actes produits que pour le caractère alarmiste des conclusions qui pourraient découler des résultats obtenus. (Nous vous renvoyons au communiqué de la Coordination Nationale Premiers Secours et aux positions de « Désarmons-les » sur ce point pour de meilleures précisions) > Faciliter l’arrestation de camarades, de quelque manière que ce soit, revient à collaborer avec la police. Nous ne saurons coopérer avec les Forces de l’Ordre ou sous leur surveillance sous prétexte de neutralité. Nous, Street Medics, tenons à ce que le nom de notre pratique ne soit pas systématiquement utilisé pour désigner n’importe quelle pratique de secourisme en manifestation pourvu qu’il s’agisse de soins, sans prendre en compte l’aspect pourtant fondamental d’auto-organisation et d’auto-défense face aux violences policières. Être secouriste en manifestation n’implique pas automatiquement d’être street medic, c’est un usage abusif du terme qui doit être systématiquement refusé. Nous dénonçons donc fermement toutes les pratiques énumérées ci-dessus qui ne relèvent pas de la street medic, et qui pour certaines peuvent mettre en danger les personnes et causer du tort aux camarades militant-es. Les Street Medics seront toujours du même côté de la barricade ! Collectifs signataires : Association de Soin Intercommunale - A.S. I (Ambulance Autonome) // Black Cat Medic // Black Cross 63 // Équipe Medic de Bure // Équipe Medic de la ZAD // La Bande Adhésive - Collectif de Formation Street Medic // Street Medic 49 // Street Medic de Touraine // Street Medic Formation // Street Medic Marseille // Street Medic Nantes // Street Medic Paris // Street Medic Paris-Banlieue // des Street Medics indépendant-e-s Compléments d'info à l'article Derniers articles de la thématique « Répression des luttes » : Rouen : une police raciste, antisémite, sexiste... depuis toujours Médiapart et arte radio ont mis en ligne des enregistrements de la police rouennaise révélant un profond racisme, viscéral et dangereux. Il n’y a pas qu’à Rouen qu’on manifestait lundi 11 mai De Rouen à Saint-Brieuc et d’Amiens à Marseille, une multitude de rassemblements ont marqué la première journée du « déconfinement ». Les plus importants se sont tenus devant les hôpitaux, en soutien aux soignant·es, parfois eux-mêmes en grève. Leur mobilisation exemplaire contre le Covid-19... Pour que cesse le confinement de notre lutte et de nos amitiés Ce texte, publié sur le blog Nous sommes tou-te-s des malfaiteur-euse-s, est porté par des personnes mises en examen dans le cadre de l’info...