Onion Information
Un extrait de Micrurus : contre la médecine et son monde - A l'ouest - Site coopératif d'informations locales et d'ailleurs, sur Rouen et alentours
Ce mardi 16 mai, des manifestations ont eu lieu partout en France en soutien aux soignants et contre un système de soin démantelé et donc de plus en plus défaillant. Une occasion aussi pour penser et agir autour de la santé, de la médecine ...
Onion Details
Page Clicks: 0
First Seen: 03/12/2024
Last Indexed: 10/22/2024
Onion Content
Analyses Contre Culture Publié le 18 juin 2020 | Mise à jour le 21 juin 2020 Un extrait de Micrurus : contre la médecine et son monde Ce mardi 16 mai, des manifestations ont eu lieu partout en France en soutien aux soignants et contre un système de soin démantelé et donc de plus en plus défaillant. Une occasion aussi pour penser et agir autour de la santé, de la médecine et du corps, dans une perspective autonome. Nous partageons ici un extrait de la revue Micrurus, contre la médecine et son monde , du Collectif Médecine Libertaire, composé d’individu.e.s qui ont tenté de définir des bases communes pour à la fois penser et lutter contre les travers sinistres du système médical actuel. « Ceci passa aussi par la mise en oeuvre de pratiques collectives, libératrices et autonomes, afin de se réapproprier nos corps et nos vies. » Sommaire Préfiguration d’un véritable système de soin universel La brochure Micrurus, contre la médecine et son monde , rassemble des textes libertaires de sensibilités différentes sur et autour de la médecine. Nous proposons ci-dessous la traduction d’un texte d’Alex Bradshaw, ainsi qu’un lien vers la brochure intégrale. Préfiguration d’un véritable système de soin universel 1. Occuper les hôpitaux, les laboratoires médicaux, les usines de fournitures médicales et de médicaments, et rétablir les hôpitaux comme cliniques communautaires libres et gratuites Si les communautés et les personnels soignants n’appellent pas à ce que ces institutions changent leur pratique, elles ne le feront tout simplement pas. Des collectifs de défense ad hoc, bien entraînés dans l’art de la défense - pas de la force - doivent être dressés comme force de dissuasion aux forces externes afin que ces communautés puissent occuper les hôpitaux de la manière qui leur convienne. Cela requiert qu’une majorité des hôpitaux tombent sous le contrôle des travaill·eurs/euses et que les communautés travaillent en tandem avec elleux. Bien que ces dernier·es doivent avoir leur autonomie, ils font avant tout partie d’une communauté ; car pour qu’une telle occupation soit un succès et demeure libertaire, communauté et travaill·eurs/euses doivent être sur la même longueur d’onde. Les usines de fournitures médicales aux États-Unis et les labos que les hôpitaux utilisent doivent être occupés par leurs communautés qui s’y rattachent, tomber sous le contrôle des travaill·eurs/euses, et également comporter des collectifs de défense pour garantir le succès d’une telle opération. Le principal objectif sera de maintenir en activité ces organisations afin qu’elles servent librement et gratuitement les membres de la communauté. 2. les compagnies d’assurances privées doivent être expropriées Les communautés et leurs collectifs de défense doivent non seulement occuper les bâtiments et les sièges sociaux des compagnies d’assurance, mais également s’assurer de la cessation de leurs activités. De plus, une majorité de citoyen·nes doivent arrêter de payer leurs primes d’assurance. Les communautés peuvent alors décider ce qu’elles vont faire des bâtiments après que les employé·es aient rejoint ou non la lutte. Elles peuvent par exemple transformer le bâtiment en clinique de soin, en faire un abri ou une soupe populaire pour les sans-abris, etc. Il faut insister sur le fait que cette étape n’a de sens que si les hôpitaux sont occupés et fonctionnent avec succès en tant que cliniques de santé libres et gratuites. 3. Destruction du monopole sur le savoir médical Les étudiant·e·s de tous les États-Unis ont un rôle à jouer. Pour qu’une telle transformation du système et, en fait, de la société se réalise, nous devons viser la source d’information des praticien·nes médic·ales/aux. Les étudiant·e·s doivent occuper les écoles de médecine, les écoles de soins infirmiers, les programmes d’ergo-physio-psycho-thérapie, etc., et s’assurer que tous les établissements aient la même qualité d’enseignement. En d’autres termes, les soidisant « meilleurs » établissements doivent être au même niveau que tous les autres. Il s’agit de rendre infime la ligne de partage entre les établissements d’enseignement et les cliniques communautaires libres et gratuites. Alors tous les établissements d’enseignement et d’apprentissage pourraient avoir accès aux mêmes technologies, informations, et fonctions en tant que cliniques servant la communauté. 4. Décentraliser la bureaucratie médicale Infirmier·es, médecins, thérapeutes, psychologues, et autres personnels de santé, s’ils sont compétent·es, devraient recevoir la connaissance et le savoir-faire pour devenir praticien·nes des premiers soins. Cela ouvrirait un plus large accès aux communautés et permettrait également la disparition de la bureaucratie et de la hiérarchie dans la médecine. Le système actuel, bien trop spécialisé et divisé, place les médecins en tant que princip·aux/ales décid·eurs/euses des établissements médicaux. Cette situation accentue à la fois le rôle du/de la médecin et le sentiment de subordination du reste du personnel. Dans un système de santé plus égalitaire, un pouvoir décisionnel égal devrait être accordé aux personnels compétents et volontaires (willing). Le système pourrait être plus démocratique et participatif ; la mise en œuvre d’une plus forte coopération permettant ainsi de prévenir beaucoup d’erreurs médicales. La division du travail lui-même est une des cibles de la critique dont découle la préfiguration d’une nouvelle société. Je pense que cela doit être appliqué aux services de santé. Les professionnel·es formé·es devraient travailler comme infirmi·er/ère ou thérapeute le lundi et comme médecin le mardi s’illes le choisissent et y sont convenablement formé·es. 5. Implanter des installations médicales de pointe dans toutes les communautés Nous avons besoin de reconsidérer l’espace et la manière dont nous l’utilisons. Au final, si les points de préfiguration mentionnés ci-dessus sont réalisés avec succès, la société pourrait sans doute commencer à se restructurer d’elle-même selon des principes plus démocratiques et antiautoritaires. Avec le succès des services de santé tombés sous le contrôle des travaill·eurs/euses et de la communauté, il est peu probable que ces communautés toléreraient la domination dans les autres sphères de leur vie. Il est donc très peu probable que, dans une telle société, la planification urbaine soit ce qu’elle est actuellement. L’idée que les bâtiments soient construits à petite échelle et que les surfaces les séparant soit cultivées pour la nourriture de la communauté, que la régulation du transport public se fasse par la communauté, que soit prohibée la fabrication de voitures (mis à part les ambulances et les bus communautaires), et que les routes soient beaucoup moins nombreuses, tout cela devrait devenir banal dans certaines régions. Avoir des installations de pointe à tous les coins de chaque communauté à la place des actuelles stations-service, restaurants rapides, ou magasins de vins et spiritueux rendrait la vie beaucoup plus profitable. Il n’y a aucune raison pour que les installations de pointe en neurologie, en cancérologie, ou celles émergentes concernant les interventions cardiologiques soient centralisées dans d’immenses bâtiments à forte empreinte écologique. Toutes les communautés auront besoin de ces traitements spécialisés et d’urgence. Ces communautés devraient être conçues de manière à être écologiquement soutenables et de façon à ce que chaque communauté ait des installations de premier ordre. 6. Plus de praticien·nes, moins d’heures Il est évident de dire qu’une société libre et volontaire est celle dans laquelle le capitalisme est une relique du passé. Dans une telle société, repenser le principe de division du travail semble aller de soi. Le principal objectif de la division des tâches est de gagner en efficacité pour augmenter la maximisation du profit. Or, il est peu probable que dans une société qui se concentre sur les besoins et désirs humains - qui ne semblent certainement pas être de travailler 40 heures ou plus par semaine - une personne ait à faire la même tâche 8 heures ou plus par jour, 5 à 6 jours par semaine, durant 40 ans. Une société qui se concentre sur le bien-être de tou·te·s et basée sur des principes socialistes et libertaires devrait à tout prix éviter cela. À la place de la division du travail, on peut imaginer une personne suivant ses propres envies durant la majeure partie de la journée tout en s’occupant, a minima, des besoins communautaires tels que la nourriture, l’eau, l’énergie, les soins de santé, la recherche scientifique, etc. Il n’y a aucune raison pour que les communautés ne puissent être équipées d’installations ne demandant la participation de chaque praticien·nes que 2 ou 3 heures par jour si le nombre de ces dernier·es augmente de manière très importante. Ce point est trop souvent absent des débats : nous devons prendre en considération la qualité de vie des praticien·nes. De mon point de vue, il est tout à fait probable qu’un certain nombre de personnes qui, à cause de la société de classe et du capitalisme, n’ont pas eu l’opportunité de devenir praticien·nes ou simplement de sortir de la pauvreté, seraient probablement intéressé·es par devenir praticien·nes de santé Et je crois qu’assez de gens recevraient une formation pour que les installations soient dotées en personnel 24 heures sur 24 tout en maintenant les normes d’heures de travail minimales des membres de la communauté. Par exemple, si un·e praticien·ne de soins de santé travaille 10-12 heures par semaine, soit par exemple deux ou trois heures par jour, le système pourrait prospérer. Les praticien·nes pourraient avoir aussi l’opportunité de se former dans divers domaines de soins, ceci afin d’empêcher la division du travail de se réétablir. Je suggère que s’efforcer de réduire au maximum le temps de travail hebdomadaire et remettre en question l’existence d’une grande partie du travail que nous accomplissons devrait faire partie de la nouvelle société. 7. Faire des crimes avec violence un problème de santé : personnel de service de santé et abolition des prisons La prison, dans une société de classe dominée par un modèle économique virulent (capitalisme), a subit un double échec : (1) elles n’enrayent pas la criminalité, et (2) elles ne réhabilitent pas. Bien sûr, c’est bien trop simpliste : beaucoup croient qu’un grand nombre de détenu·es étasunien·nes ont été emprisonné·s du fait de la couleur de leur peau. Les quartiers blancs - d’après mon exp...