Notes et propositions vulgaires pour en finir - A l'ouest - Site coopératif d'informations locales et d'ailleurs, sur Rouen et alentours


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Infos locales Gilets jaunes Publié le 9 mars 2020 Notes et propositions vulgaires pour en finir Ci-dessous un texte et une vidéo mêlant analyse du mouvement actuel et appel à se mobiliser massivement pour le rendez-vous du 14 mars à Paris. Cette manifestation suscite actuellement une forte émulation et fait l’objet de plusieurs appels, pages, groupes et vidéos sur facebook. Comme une invitation au voyage... Sommaire Premier mouvement : l’heure de la révolte (quand on plongeait vers l’inconnu) Deuxième mouvement : retour à l’horloge système Troisième mouvement : quand tout recommence à tanguer Le haut et le bas Foutre Machin - Notes et propositions vulgaires pour en finir from FM2020 on Vimeo . Tic, tac, tic, tac : c’est l’histoire d’un ras-le-bol populaire qui balance Premier mouvement : l’heure de la révolte (quand on plongeait vers l’inconnu) À partir du 17 novembre 2018, le soulèvement des gilets jaunes a marqué une série de ruptures au sein des « traditions » de contestation en France : rupture d’avec les formes classiques et leurs initiateurs habituels, tant par les lieux choisis pour montrer sa présence (les ronds-points, les parcours non déclarés) qu’à travers l’indiscipline revendiquée des interventions, ou le fait d’avoir choisi les samedis comme repères hebdomadaires ; rupture dans la composition sociale des contestataires, qui en se disant et se comportant comme « apartisans », ont affirmé d’abord un rejet de toute affiliation aux organisations politiques (considérées à raison comme n’étant d’aucun secours), mais surtout que ce qui les tenait ensemble dépassait de loin ces clivages mensongers ; rupture par l’exercice d’un certain art des conséquences, puisqu’il ne s’agissait plus d’intervenir pour se mettre en scène, mais bien pour qu’advienne sans médiation ce qui était exigé (la justice sociale, la démocratie réelle…) ; rupture, encore, de par les effets produits par ce soulèvement chez les gouvernants, qui n’ont pas pu cacher que pour la première fois depuis des années, pendant quelques semaines au moins, le pouvoir tremblait sur ses bases. Autant de ruptures, un même saut qualitatif. Un tel basculement, tant de vies jetées dans la bataille, tant de ténacité, une telle reprise de l’offensive… et d’un coup, le retour du connu. Deuxième mouvement : retour à l’horloge système Le 5 décembre, c’est donc reparti pour des Bastille-Nation dans toutes les villes de France, au son des camions syndicaux cacophoniques (modèle « j’en ai une plus grosse que toi ») qui réduisent les manifestants et manifestantes au silence, des ballons géants et des calicots sérigraphiés pour montrer qu’on est sympa (plutôt que mal éduqué et imprévisible), des services d’ordre devant les grands magasins (histoire de bien rappeler que négocier, c’est le contraire de faire justice soi-même), des guerres d’influence et des calculs politiciens et complaisants. Une mécanique bien huilée pour affronter un thème pourtant fort présent dans la colère des gilets jaunes, sous la forme sans doute trop généraliste (et pour cela bien moins assimilable par les corporations) d’une demande de partage des richesses. Les leaders de la CGT reprennent leur figure de tête de la contestation « ferme mais ouverte au dialogue », ceux de la CFDT celle de « partenaires raisonnables mais qui ont tout de même des limites » (en l’occurrence, un âge-pivot jeté dans le faux débat public comme un os à ronger), et les gens… les gens, syndiqués ou non, GJ ou non, les voilà intégrés à un jeu dont ils ne sont que les pions, à défiler paisiblement « en espérant que… ». C’en est fini d’exprimer sa colère à la sauvage, sans limite et sans leader, on redevient civilisé, et on s’en remet à ceux et celles dont c’est la spécialité. Ou alors on se casse en claquant la porte, on va lécher ses plaies dans un coin, ou on se fait arrêter en préparant des actions radicales esseulées. Écoutons un quelconque normalien se soulager en direct à la radio publique, après 3 semaines d’opposition à la contre-réforme des retraites : « […] cette mobilisation, au contraire de celle des gilets jaunes l’année dernière, s’inscrit dans un répertoire de mobilisation assez classique, et au fond c’est assez rassérénant, parce qu’on voit qu’il y a un gouvernement, il y a un parlement, il y a des partis d’opposition, il y a des syndicats, il y a des corps intermédiaires qui jouent leur rôle [...], ce qui forme une grande différence avec ce qu’on a pu voir l’année dernière. » (David Djaïz, journal de 8h de France Culture, le samedi 28 décembre 2019). La messe semble dite. Elle a juste ajouté quelques cantiques « On-est-là » à son carnet de chants, en adaptant les paroles à l’occasion ; mais pour le reste, circulez, il n’y a plus aucun système à renverser. Troisième mouvement : quand tout recommence à tanguer Ce même 28 décembre, pourtant, ne fut pas tout à fait un jour comme les autres : ce fut plutôt un samedi comme les autres, de ceux qu’on avait inventés et réinventés pendant plus d’un an, dont la tradition menaçait déjà de disparaître. L’acte 59 des gilets jaunes à Paris n’a certes pas fait la « une » des médias, mais il fut un beau moment pour affirmer que la « trêve », c’était pour les confiseurs et les vendeurs de pacotille. Une vraie manif déter, sans direction, GJ - BB -travailleureuses vénères, qui part dans tous les sens et ne veut pas s’arrêter. Et puis le mois de janvier : avec la CFDT et l’ UNSA qui rentrent dans le rang après avoir fait semblant de chouiner, avec les actions de blocage qui se multiplient bien au-delà du contrôle des « centrales » restantes, avec les groupes de travailleureuses du public ou du privé qui débrayent en bandes joyeuses, avec celles et ceux qui ont mis un mois et demi à se réveiller mais entrent enfin dans la danse, avec les coordinations interpro qui font savoir à leurs pseudo-représentants qu’elles ne s’en laisseront pas conter, avec les GJ qui reviennent en sentant bien que le temps de la naïveté est passé, une fois de plus, et que les portes de l’inconnu pourraient se rouvrir encore… Des grévistes qui s’étonnent d’être si peu entendus après avoir tant donné. Des manifestants et manifestantes qui comprennent dans leur chair de quoi on parle depuis un an quand on dit que les flics et les fliquettes sont en roue libre. Des membres du Parti au pouvoir qui ne peuvent plus s’exposer nulle part sans être poursuivis par des hordes d’opposants, dont on ne sait même plus si ce sont des gilets jaunes sans gilet ou des syndicalistes radicalisés… Et toujours la menace d’un retour à l’horloge système (auquel les cadres des pompiers ont malheureusement commencé à rouvrir la voie le 28 janvier) : quand les « centrales » décideront que pousser plus loin voudrait dire perdre le contrôle, quand celles et ceux qu’elles veulent encadrer accepteront de se demander si, au fond, on n’a pas déjà assez gagné pour cette fois-ci (et assez perdu d’argent), quand celles et ceux qui sont en train de tout donner auront l’impression d’avoir tout donné… est-ce que ce sera comme en 2010 ? Ou comme en 68 à Grenelle, avant que tout ne soit achevé par les élections ? Jusqu’au bout du mouvement : retrouver les fondamentaux, mettre fin au spectacle Post-it (ne pas oublier) Là où la révolte des gilets jaunes s’est rapidement transformée en offensive de fond pour une vie plus digne (pour une vie plus dingue !?), s’opposer à la contre-réforme des retraites n’est jamais que le refus d’une régression de plus. Ça fait quand même une différence. Saut qualitatif Les gilets jaunes ont imposé au cœur de l’hiver occidental un retour aux fondamentaux qui ne peut que rappeler les soulèvements du récent « printemps arabe », et qui d’ailleurs a suscité à son tour des échos dans le monde entier ; après quoi toute contestation qui se contenterait de faire semblant apparaît pour ce qu’elle est : une mauvaise mise en scène. Le « mouvement des retraites », au grand dam de ses meneurs, a été sensiblement déterminé par ce « saut qualitatif » qui l’a précédé. C’est bien là où se déploie le jeu de balancier esquissé plus haut : entre la possibilité d’une rupture sérieuse et conséquente d’avec l’ordre des choses (où « tout le monde veut la chute du régime »), et la mise en scène spectaculaire et inoffensive de cette rupture pour qu’à la fin rien ne change. Synchronisations « Tout le monde sait bien » au fond que la question des retraites est loin d’être la seule mesure gouvernementale qui mérite qu’on se soulève, et que c’est toute la clique qui se relaie au pouvoir depuis des années qu’il faut dégager. De même que tout le monde, hormis quelques abrutis, s’était bien rendu compte que la question du carburant n’était pour les gilets jaunes que la goutte d’eau de trop dans un océan d’humiliations. Beaucoup de celles et ceux qui ont endossé leurs gilets en 2018 n’avaient eu cure, dans les années précédentes, des appels répétés à se mobiliser pour stopper la régression sociale ; le mépris et la bien-pensance de gauche leur auront depuis fait comprendre ce que c’est que de hurler dans le vide alors qu’on voudrait tellement être « tous ensemble ». Beaucoup de ceux et celles qui ont commencé à défiler en décembre 2019 n’avaient eu cure, au cours de l’année précédente, des appels répétés des gilets jaunes à les rejoindre sur leurs bases inédites ; la collaboration de classe et les efforts d’encadrement des centrales auront fait comprendre à un certain nombre, depuis bientôt deux mois, combien toute contestation sérieuse du pouvoir a besoin de se réinventer, et combien les GJ ont (r)ouvert la voie. De la même manière, les uns comme les autres ont eu l’occasion de constater le « mépris » de nos gouvernants, la réalité incontestable des « violences policières », et le fait que malgré tout cela, les gens refusent de rentrer chez eux et s’étonnent de leur propre persévérance. Et si on commençait à être synchro ? Le haut et le bas Les GJ sont en bas, se foutant de savoir s’ils sont à droite ou à gauche. Les travailleureuses mobilisées sont à gauche, ou à droite, mais beaucoup ont oublié qu’ils étaient aussi en bas. Pour ceux-là comme pour tous les autres, tout doit donc d’abord se passer en bas : sans quoi rien n’aura lieu que ce qui a lieu en haut. Le bas, au demeurant, c’est le pouvoir aux assemblées de base - que le reste en découle, qui sera simplement la vérité du peuple. La « démocratie » mérite peut-être qu’on croie en elle. « Pour l’honneur des travailleurs, ...