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La Gazette des confiné·es #15 - Occupations et Zad, économie vs écologie et locataires étranglés - A l'ouest - Site coopératif d'informations locales et d'ailleurs, sur Rouen et alentours
Sous Macron, l'économie est reine et les promesses écologiques du vent. Ou du greenwashing pour les multinationales. Bien réelle, la répression s'abat sur les classes populaires et les luttes. Violences policières, Zad détruites, ...
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A lire ailleurs Publié le 25 mai 2020 | Mise à jour le 29 mai 2020 La Gazette des confiné·es #15 - Occupations et Zad, économie vs écologie et locataires étranglés Sous Macron, l’économie est reine et les promesses écologiques du vent. Ou du greenwashing pour les multinationales. Bien réelle, la répression s’abat sur les classes populaires et les luttes. Violences policières, Zad détruites, squats menacés... Dans les immeubles de New-York, Bologne et peut-être bientôt de Rennes ou Paris, les menaces d’expulsions locatives poussent à la solidarité. Se transformera-t-elle en mouvement politique ? Sommaire Note Entre appel à l’aide et désir de changement, des locataires retiennent leur loyer en redoutant la rue Si la grève des loyers ne dépasse pas le seuil de l’invocation en France, le mouvement semble s’amplifier outre-Atlantique. Les actions sont répertoriées sur une planisphère accessible en ligne. Depuis notre précédent article sur la crise du logement publié fin avril, le nombre de New-Yorkais·es inscrit·es au chômage est passé d’environ 1,1 million à plus de 2 millions. Huit pour cent d’entre-elleux n’ont toujours pas touché l’allocation qui leur est due ; un taux qui bondit à près de 50 % dans l’État voisin du Connecticut. A l’échelle des États-Unis, les destructions d’emplois sont comparables par leur ampleur et leur vitesse foudroyante aux débuts de la grande dépression de 1929. Le taux de chômage a gagné plus de 11 points en deux mois pour atteindre 14,7 % en avril. Il pourrait encore doubler, selon certaines projections. Dans l’impossibilité de payer leurs loyers, de nombreux foyers se retrouvent entre le marteau et l’enclume. Reste alors à transformer cette impasse individuelle en cause politique. La création d’une simple discussion de groupe sur un logiciel de messagerie instantanée peut parfois déboucher sur une telle initiative. C’est l’histoire racontée par Emily Witt, qui s’est rendue à Brooklyn pour The New Yorker. « Fin mars, environ les deux tiers des locataires ont décidé de faire grève des loyers, un groupe qui comprenait ceux qui avaient perdu leur emploi et d’autres qui retenaient leur loyer par solidarité. » Le 1 er mai, ce sont 12.000 locataires représentant 100 immeubles new-yorkais qui ont refusé de payer leur loyer, selon l’organisation Housing justice for all. Une goutte d’eau par rapport aux 2,2 millions d’appartements dédiés à la location dans la capitale économique des États-Unis, mais un signe encourageant pour ses initiateur·ices. Des draps blancs sur lesquels étaient peints des slogans revendicatifs sont apparus aux fenêtres et un groupe de manifestant·es s’est rendu devant la résidence du gouverneur. Iels réclament plus que le moratoire qui interdit toute expulsion jusqu’au 20 juin. Par exemple l’annulation des loyers et des prêts immobiliers. Cette dernière mesure est soutenue par la jeune figure de gauche au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, qui se verrait bien à la tête d’un mouvement plus large contre la politique de l’administration Trump. Des locataires déploient une banderole pour l’annulation des loyers sur un immeuble de Brooklyn, à New-York, le 17 mai. Ce mouvement ne laisse cependant pas les propriétaires sans réaction. Celleux-ci s’organisent également, ainsi que le raconte le magazine spécialisé dans l’immobilier The Real Deal. Une grève des impôts fonciers est ainsi agitée pour exercer une pression sur les élu·es. Si les yeux du monde se tournent immanquablement vers Big Apple, d’autres grandes villes américaines abritent cette contestation grandissante. C’est notamment le cas de Chicago, Seattle et surtout San Francisco, selon la carte proposée par l’Anti eviction mapping project . Dans le détail, plus de 190.000 internautes déclarent au 20 mai participer à la grève des loyers aux États-Unis, selon l’organisation We Strike Together . La mobilisation semble moins avancée en Europe, en dehors de la Grande-Bretagne et de l’Italie. Les villes de Rome et de Bologne concentrent la majorité des actions répertoriées. L es habitant·es d’un immeuble de la capitale d’Emilie-Romagne ont su braquer les projecteurs sur leur mobilisation. Situé dans le quartier populaire de Bolognina, dans l’ancien bastion rouge, chacun de ses appartements coûte 800 € par mois. « Il y a un jardinier au chômage avec un diplôme en agriculture dans sa poche, un tatoueur, un éducateur précaire, il y a des travailleurs du secteur du divertissement, des musiciens et des enseignants, des experts en communication », d étaille le quotidien communiste Il Manifesto , qui ajoute que l’immeuble est « peut-être l’initiative la plus visible au milieu d’une mer agitée d’initiatives en ligne ». Droit au logement manifestera les 30 et 31 mai En France, la trêve des expulsions locatives n’a certes plus d’hivernale que le nom, mais le répit semble de courte durée. Les associations s’attendent à une explosion des procédures sitôt passée l’échéance de juillet. Le délégué général de la Fédération des acteurs de la solidarité demande d’« étendre cette trêve sur toute l’année 2020, le temps de trouver des solutions stables aux sans-abri ». Avant même le Coronavirus et son cortège de drames, la Fondation Abbé-Pierre estime que quatre millions de personnes étaient mal logées en France et plus de douze millions en situation de fragilité, dont 1,2 million de locataires en impayés. L’association Droit au logement réitère sa demande de réquisition des trois millions de logements vacants. « Pour l’instant, le gouvernement ne nous répond pas. Silence radio, alors que nous avons sollicité des rendez-vous. Mais le ministre du Logement ne semble pas vouloir discuter avec le DAL . C’est la première fois, depuis 25 ans, que l’on ne rencontre pas un ministre » , déplore son porte-parole Jean-Baptiste Eyraud cité par France Culture. Comme à New York ou Bologne, le rapport de force semble inévitable. Le DAL annonce d’ailleurs un weekend de mobilisation les 30 et 31 mai. Des collectifs se sont créés à Marseille ainsi que dans le grand Ouest . Des guides et des foires aux questions apparaissent sur le web, notamment sur le site belge francophone Grevedesloyers.be , qui publie aussi une lettre type, des visuels et un annuaire d’associations. Sa caisse de grève en ligne affiche 5.730 € de dons, au douzième jour de collecte. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Leur déconfinement économique ne sera jamais écologique Le confinement n’a pas arrêté les manœuvres des agrochimistes dans le domaine des pesticides, à coup de pathos instrumentalisant le contexte de la crise. Lors de ce déconfinement, le vélo semble s’ériger en nouveau roi de la circulation . Contrairement aux transports en commun, la bicyclette facilite la distanciation physique. Du moins, quand cette option est possible pour se rendre à son travail, critère majeur dans une métropole comme Paris. Plusieurs villes ont réalisé, ou prévoient de le faire sous peu, des aménagements pour les deux roues. Une bonne nouvelle au regard de leurs atouts pour l’environnement. Alors que la période du confinement a permis de constater l’amélioration d’un certain nombre de paramètres comme le nombre record d’oiseaux nichant en Camargue , les associations tentent de se faire entendre pour que cette période de répit perdure, et s’accentue. D’autant plus que même les grandes entreprises françaises nous le disent : « M ettons l’environnement au cœur... de la reprise économique » (pdf) [Les points de suspension ont été ajoutés par La Gazette, NDR ]. Raté. Malgré les belles paroles de Macron, sa seule façon d’envisager l’écologie est de la mettre en cases, de la mesurer et de l’évaluer c’est-à-dire de la faire entrer dans une logique de marchandisation, d’investissements et de bénéfices, comme le détaille Jacques Fradin sur Lundi matin . Alors oui, le déconfinement, c’est la relance. La relance des projets d’aménagemen ts, la relance des grands projets inutiles et imposés, ou tout simplement leur poursuite, puisqu’on vous avait déjà dit que le confinement n’arrêtait pas certaines dynamiques, par exemple sur la Zad de la Dune, en Vendée . Les multinationales n’ont pas chômé pendant le confinement. Une partie d’entre elles a mis ses finances à contribution face à la crise sanitaire, ce qui est analysé par cet article du site Equal Times comme pouvant résulter soit d’une stratégie de communication pour garantir leur moralité, soit du reflet d’une idéologie libertarienne où elles refusent que seul l’État s’occupe de l’intérêt général. S’il ne s’agit pas des deux « en même temps ». Quelles que soient les raisons des multinationales, cette sorte de responsabilité et d’indépendance affichée leur permet surtout de peser aujourd’hui dans les prises de décisions, en tant qu’acteurs pertinents et respectueux. Plus de chances de les écouter donc si elles nous disent de foncer vers la reprise économique, environnement au cœur ou non d’ailleurs. La deuxième loi de finances rectificative pour 2020 inclut un fond de 20 milliards d’euros pour les « entreprises stratégiques », dont plusieurs organisations avaient réclamé qu’il soit c onditionné par des critères sociaux et environnementaux . Finalement, ce n’est pas le cas et c’est l’État, via son Haut conseil pour le climat - qui demandait des transformations structurelles pour une transition bas-carbone suite à la crise -, qui devra s’assurer que tout se passe bien . En tout cas, reprendre et aller au boulot, c’est bien ce que ces grandes entreprises nous demandent. « Il faut travailler plus tout au long de la vie », nous assène Agnès Verdier-Molinié, parmi d’autres mesures pour sortir de la crise (la tribune est en accès payant, mais de toute façon on vous conseille plutôt d’aller lir e cette critique de Acrimed , sur Agnès Verdier-Molinié et son think-thank l’Ifrap). L’Institut Montaigne, autre think-thank gravitant autour du Medef, vient de publier deux notes listant des pistes pour « Rebondir face au Covid-19 ». Elles concernent l’investissement et de nouveau le temps de travail . Sans surprise, elles appellent à l’allègement de la fiscalité des entreprises, l’assouplissement du droit du travail et incluent aussi une série de recommandations concernant les fonctionnaires (et pas pour leur bien). Sans surprise non plus, ces notes ont été reprises, diffusées, commentées dans toute la presse généraliste grand public, donnant à l’Institut Montaigne une visibilité, une aura et surtout une légitimité sans commune mesure, comme l’analyse longuement Acrimed . En...